Ce week-end, la fuameuse Nuit Blanche a animé entre autres les rues de Paris. Cette année encore, j’aurais peut-être mieux fait d’aller me coucher parce que rien ne m’a réellement fait rêver les yeux ouverts…
Rendez-vous annuel depuis 2002, j’ai pourtant en mémoire une nuit inoubliable de 2007.
C’était ma première Nuit Blanche il me semble, et je garde encore émue le souvenir d’une installation à la fois jolie et réfléchie à l’Eglise Saint-Paul ou encore d’incroyables structures enflammées au coeur des Tuileries. (L’histoire raconte aussi que le dernier Versailles Off se tenait aussi ce soir là, merveilleux de A à Z, mais restons sur le sujet Paris.)
Cette nuit là, j’avais été scotchée par tellement d’oeuvres d’art ! (Et pourtant je ne suis pas particulièrement sensible à l’art contemporain.) Cette année là, les oeuvres m’avaient transportée, elles étaient fortes. Le parfait mélange entre message, mise en scène, et impact.
Ce week-end, j’ai espéré retrouver cette magie. Le programme de la nuit blanche 2013 annonçait du lourd, comme un concert vertical d’hélicoptères…
Sauf que…
Les hélicoptères se sont avérés n’être réellement de la fête que quelques secondes et encore, ils avaient la taille de gros moustiques vu qu’ils sont passés très très loin de la foule rassemblée au Pont Neuf, restée sur sa faim. Parce que non, une retransmission sur écrans, ça ne fait définitivement pas le même effet que de voir les bestioles en live à quelques mètres de soi et d’en avoir les cheveux ébouriffés par le vent créé par les pales. Tu parles d’un « immanquable »…
Voilà comment a commencé pour moi cette nuit blanche, et je n’ai pas non plus entendu les carillons à travers toute la ville prévus pour 19h.
J’ai néanmoins persévéré, mais mis à part la place de la République sous le brouillard qui m’a en effet bien amusée et fait perdre mes sens (et amis) pendant quelques secondes, toute cette nuit n’a été pour moi qu’une succession de sentiment d’inachevé. Comme si tout avait été bâclé, pas pensé jusqu’au bout, réduit sur le budget peut-être, que sais-je…
Prenons cet exemple du ‘marais musical qui fait blop‘ comme je l’ai décrit à un mec croisé par là qui voulait savoir si ça valait le coup.
Pardon chère artiste, mais je me suis sentie un peu frustrée. Le programme promettait, je cite, « une expérience intense » « qui diffuse une composition de musique électronique ». Bah moi là tu vois, j’imaginais un mix électro au top qui me ferait vibrer en symbiose avec les gouttelettes d’eau, comme une mini rave chic tu vois.
Bah raté. Il y avait juste un vague brouhaha lent et mou qui faisait certes jaillir un peu d’eau mais bon… Et c’est sans compter sur le fait qu’une mise en valeur par des lumières un peu plus travaillées (je sais pas moi, des couleurs, du rythme) aurait pu aussi rendre le truc un peu plus palpitant.
Idem, le feu d’artifice en face du Musée d’Orsay sur la seine, très chouette comme idée de base (et il me FAUT les combi de lumière des conducteurs de bateaux). Mais pourquoi n’avoir pas ajouté une dimension musicale et ainsi renforcé l’ambiance ?
Alors je m’interroge. Je n’ai aucune idée de comment s’organise la Nuit Blanche, qui soit dit en passant est une idée canon à la base, mais je me demande pourquoi tout ce b***** pour une expérience au finale très moyenne.
Est-ce Paris qui choisit mal les artistes ou les oeuvres, est-ce la direction artistique qui ne dirige pas assez, est-ce une histoire de budget, ou d’artistes pas inspirés, ou bridés ou pas aidés ??? Va savoir, mais ce que je sais c’est que je n’ai pas vécu la nuit que j’attendais, comme beaucoup autour de moi ce soir là que j’entendais commenter avec des « ok, et… ?? ».
D’autre part, quand on met en regard l’énergie passée à parcourir les oeuvres disséminées un peu partout mais presque trop partout et l’expérience vécue, le déséquilibre est assez flagrant.
Alors Paris, pour la prochaine nuit blanche, qu’elle soit en 2014 ou que vous choisissiez de ne plus la faire qu’un an sur deux pour peut-être la faire mais mieux, il me semble qu’il faudra un peu plus penser « spectacle ».
Transformer Paris en galerie d’art pour une nuit c’est bien, mais ça ne suffit pas. N’oubliez pas que cet événement est avant tout grand public, et que l’art pour l’art ça va deux secondes mais ça fait surtout beaucoup d’argent dépensé pour pas grand chose quand la foule qui se déplace reste circonspecte.
Ah tiens, je ne suis visiblement pas la seule à être peu emballée par le résultat…
Curious Lab 